La mort du Zoulou blanc

Les médias sud-africains ont annoncé mardi le décès de Johnny Clegg. Décédé des suites d'un cancer et affectueusement surnommé le Zoulou blanc, cet homme aura marqué de son empreinte l'histoire musicale de l'Afrique du Sud. Un pays dont il fait la découverte à l'âge de six ans. En compagnie de sa mère, Muriel Braudo.
A l'époque, celle-ci était chanteuse dans les night-clubs et n'arrêtait pas d'enchaîner des tournées. Néanmoins, désirant offrir à son fiston un meilleur avenir, elle l'inscrit dans une pension anglaise réservée aux Blancs : un environnement strict que détestera de toutes ses forces le petit Johnny.
Lequel se liera d'amitié avec le fils du chauffeur de la famille, qui l'initie au ndébélé du Transvaal, une langue qui tire ses origines du zoulou. Le zoulou qu'il étudiera à l'université, tout en faisant de la musique. « Il y a eu une période de ma vie où j’ai regretté de ne pas être noir. Je le voulais désespérément», dira-t-il plus tard.
Les ténèbres de l'apartheid
Nous sommes alors dans une Afrique du Sud, plongée dans les ténèbres de l'apartheid, de la discrimination raciale. Partout, on sent les effluves de la haine... Et pour s'y opposer, Johnny Clegg fait le choix d'une musique protestataire, fraternelle, interraciale : lui (le juif) crée ainsi avec Sipho Mchunu (le noir) le groupe Juluka. Leur album, Universal Men, sortira en 1979. Et fera un tabac.
Puis suivront d'autres opus. Tels que Scatterlings of Africa (avec son nouveau groupe Savuka), Asimbonanga (« Nous ne l’avons pas vu ») : le titre rend hommage à Nelson Mandela, incarcéré depuis plus de vingt ans.