Marielle Franco incarnait un autre Brésil

Une foule immense a fait jeudi ses adieux à Marielle Franco, 38 ans. Cette conseillère municipale noire de Rio de Janeiro a été abattue en plein centre-ville, alors qu'elle revenait d'un rassemblement pour la promotion des femmes noires. Sa voiture, criblée de balles, avait été prise en chasse sur quatre kilomètres par un autre véhicule.
Si pour l'heure, les enquêteurs n'ont pas encore rendu leurs conclusions, relatives à cet ignoble assassinat, tout porte à croire qu'il s'agit là d'une exécution ciblée. Puisque Marielle Franco n'était pas n'importe qui. Sociologue de formation, elle était une femme politique engagée, qui luttait avec un certain panache contre les violences policières dans les favelas, ces quartiers populaires où s'entassent habituellement toutes les pauvretés brésiliennes. En outre, ces derniers temps, elle avait désapprouvé la décision du président Michel Temer de confier la sécurité de Rio à l'armée. On peut donc subodorer que les idées qu'elle défendait n'étaient pas complètement étrangères à ce qui lui est arrivé. Mais encore une fois, attendons la fin de l'enquête.
Des coups de fusil actionnés par une bande de barbares
Il n'en demeure pas moins que le Brésil (en dépit de ses progrès économiques, de son métissage, fruit de son histoire et de son inventivité débordante) est rongé par des fractures sociales. Lesquelles s'expliquent tout d'abord par le fait que tous les Brésiliens ne profitent pas des fruits de la croissance ; que les pauvres sont davantage pauvres, les riches davantage riches ; que les jeunes souffrent d'un chômage endémique. Ce qui bien évidement occasionne des tensions, des situations inextricables et tragiques.
Quant à Marielle Franco, elle voulait un autre Brésil. Celui de l'inclusion et de la fraternité, de la prospérité et de l'égalité. Dommage que les coups de fusil, actionnés par une bande de barbares et de lâches, ne lui ont guère permis d'aller jusqu'au bout. Et nous en sommes bien tristes.