Congo : le commerce et les fautes d’orthographe

Sur bon nombre de commerces de la ville de Brazzaville (Congo), l’orthographe est une science qui sert à écrire les mots d’après l’oreille. Etonnante exposition donc que nous offrent toutes ces boutiques, tous ces salons de coiffure, restaurants et points de vulcanisation qui prennent toutes leurs aises le long des grandes avenues de la capitale. Ce qui saute tout de suite aux yeux, c’est bien évidemment l’absence d’orthodoxie orthographique.

Des néologismes involontaires

En général, tout nouveau propriétaire d’une affaire commerciale sollicite les services d’un artiste. Le décorateur - comme on l’appelle ici – ne vient pas seulement dessiner boîtes de conserve, fournitures scolaires ou gamme de produits cosmétiques qui y seront vendues. Son travail ne se limite pas non plus à recouvrir les murs de peinture. On lui demande aussi de calligraphier le nom commercial et tous les slogans publicitaires destinés à « créer le besoin » auprès des passants. Mais comme on écrit d’abord ce que l’on sait, l’écuyer s’exécute en s’accoudant sur son propre vocabulaire. Par conséquent, les erreurs portent sur les anglicismes, le doublement de consonnes et souvent des néologismes involontaires. Aussi voit-on des « pulzzle » au lieu de « puzzle », des « quincailerie » ou des « bistro »… Un éloge de la faute qui visiblement ne gêne aucun client ; si ce n’est qu’ils pensent comme Marivaux : « Tu sais bien que nous nous sommes promis fidélité, en dépit des fautes d’orthographe. 

Classement « Doing Business »

Un jour, peut-être, l’argent se gagnera dans le respect des règles d’orthographe et le prestigieux classement « Doing Business » qui l’an dernier assignait le 177^e rang (sur 190 pays) au Congo, intègrera l’excellence orthographique au nombre des critères déjà existants. C’est cela aussi assainir l’environnement des affaires.