La jeunesse « assise » de Zinder

Il est 17 heures et l’ombre des murs s’allonge suffisamment pour accueillir les « fadas » (la cour ou lieux de rencontres des jeunes du quartier). Un peu partout dans la ville de Zinder, deuxième ville du Niger, les jeunes s’activent à placer des chaises, souvent de même couleur, en formant de cercles. Les moins « nantis » se contentent de longs bancs en bois pouvant accueillir un nombre important de visiteurs.
Les premiers arrivés ont le devoir d’installer la « fada » en plaçant les matériels nécessaires : outre les sièges, un poste radio crachant un son dont seuls les jeunes ont le secret et surtout la désormais traditionnelle « chicha ».
Cuisiner du « niébé »
Venus du même quartier ou des quartiers environnants, les jeunes se retrouvent au sein d’une même « fada » aux environs de 17 heures jusqu’à une heure tardive de la nuit. Personne ne peut savoir quand ils prennent leur dîner. Très souvent, certains se débrouillent pour cuisiner du « niébé » accompagné du « gari ». Un plat très prisé dans le milieu de jeunes nigériens en général et qui se mange tard dans la nuit.
En fait, dans les « fadas », l’arrivée de ce plat consacre la fin de la soirée. Aussitôt servi et dégusté avec un appétit de loup, « les fadas » sont désertées. Place désormais au sommeil qui peut se prolonger jusqu’en début de l’après-midi du jour suivant.
Faire les « fadas »
Ainsi se passent les vacances à Zinder et probablement dans plusieurs villes nigériennes. Dans cette ville symbole de la résistance coloniale, les vacances dans les milieux des jeunes scolaires mais aussi les soirées chez les jeunes déscolarisés sont mises à profit pour faire les « fadas », la principale activité pour les jeunes, et face à laquelle les parents sont plus que jamais tolérants.
« Dès lors qu’ils ne s’adonnent pas à des vols et ne commettent aucune violence, je ne vois pas de problème », tente d’expliquer Harouna, un père de famille qui semble avoir un œil regardant sur la « fada » animée par deux de ses deux jeunes garçons à la devanture de la maison familiale. « Le seul problème est cette chose qu’ils consomment tous les soirs », regrette-t-il en faisant allusion à la « chicha », cette pipe à eau originaire du Maghreb et du Moyen Orient en vogue dans les milieux des jeunes « zindérois ».
Mais le drame réside dans le mutisme des parents et des autorités, les premiers ignorants pratiquement tout, des dangers sanitaires liés à la consommation de ce nouveau mode de consommation.