John Mpaliza, un marcheur pour la paix

Africains | Publié le 20 juillet 2017 à 12h07
PORTRAIT. Né à Bukavu, en République démocratique du Congo, John Mpaliza parcourt le monde pour sensibiliser les personnes et les institutions sur le drame du peuple congolais.

Ce mardi-là, il aura fallu le cadre majestueux de la Sala Borsa de Bologne, en Italie, pour enfin découvrir l’étonnant parcours de John Mpaliza, 48 ans. Il y a encore quelque temps, cet homme, aux jolies dreadlocks, né à Bukavu, travaillait, comme informaticien, pour la municipalité de Reggio Emilia. Mais un jour, il décide de tout abandonner.

Pour se consacrer à une cause plus grande que lui : celle de la précaire situation de la République démocratique du Congo. « En 2009, j’y ai effectué un séjour et trouvé un enfer dans le paradis. Oui, les gens vivaient dans l’enfer ! Or avant ce n'était pas comme cela ; on avait à manger ; on vivait bien », souligne-t-il. « Ce voyage m’a vraiment bouleversé. »  

« Quand je suis revenu en Italie, j’ai compris que j’avais une mission. Il fallait sensibiliser les gens par rapport à cette cause. » « Nous sommes coresponsables du drame congolais », clame-t-ilD’après l’ONU, il y a eu 5 millions de morts certifiés en République démocratique du Congo. Des morts dûs essentiellement à la guerre. Sans compter des viols commis par les rebelles. Des atrocités qui fondent la démarche de John Mpaliza dont l’objectif est d’alerter le monde sur ce qui se passe là-bas.

« J’ai rencontré le pape François »

Ainsi, depuis 2010, il s’est lancé dans une action citoyenne appelée « Marche pour la paix ». Avec plusieurs itinéraires qui l’ont conduit depuis Reggio Emilia à Saint-Jacques de Compostelle, en Espagne « Ce n’était pas une marche religieuse, je voulais simplement parler aux gens. Beaucoup ne savaient pas où se trouvait le Congo. Je voulais briser le mur du silence. » A Bruxelles. Au Parlement européen à Strasbourg « où l’on a écrit un mémorandum demandant que le Mouvement M23 soit sanctionné. Qu'il y ait aussi une sanction contre le Rwanda et l’Ouganda et une traçabilité des minerais (coltan, cobalt, l’or…) » A Reggio Calabria « où j’ai rencontré le pape François. » « Mais les personnes sont plus importantes que les institutions. C'est la génération actuelle qu'il faut informer. » A Helsinki « J’y avais été invité par les Finlandais que j’avais connus à Varsovie. Le voyage, c’est très difficile. Ça demande beaucoup d’effort physique. »

En définitive, il aura parcouru 12 000 km sur un total de dix marches. La prochaine, de ce citoyen italien (il vit depuis vingt-quatre ans dans le pays de Vivaldi), de ce panafricaniste convaincu, aura lieu en octobre 2018, en Afrique. Axée sur la jeunesse, elle comportera une série d'étapes : Cap Town, Pretoria, Johannesburg, Maputo, Zanzibar. « Nous sommes en train de prendre contact avec des universités, partout où l'on passera. Si nous voulons avoir un futur différent, il faut qu'on commence à travailler sur l'instruction des enfants, conscientiser les gens sur le civisme, l'alternance démocratique et récupérer les bonnes valeurs africaines et les appliquer dans notre quotidien. »

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