SECK : « La situation des tirailleurs était méconnue »

Africains | Publié le 5 janvier 2017 à 8h59
Après plusieurs années de bataille administrative et d’humiliation, la France vient enfin d’accéder à la demande des tirailleurs sénégalais, en leur donnant la possibilité de devenir Français. L’adjointe au maire de Bondy (en France) en charge des anciens combattants, Aïssata Seck (qui connait bien le sujet, par ailleurs), revient pour Africains Magazine sur la portée d’une telle décision historique.

Surnommés « Dogues noirs de l’Empire » par Léopold Sédar Senghor et venant principalement de l’Afrique subsaharienne et de l'île de Madagascar, les tirailleurs sénégalais sont ces soldats qui ont servi sous l’Empire colonial français de 1857 jusqu’au début des années 1960. Et en décembre, à l’occasion de la visite du président sénégalais Macky Sall, François Hollande annonce officiellement sa décision, celle d’accorder, à ceux qui sont encore vivants, la nationalité française. Africains Magazine a voulu à cet égard donner la parole à Aïssata Seck (adjointe au maire de Bondy en charge des anciens combattants) : cette jeune élue de 36 ans, elle-même petite-fille de tirailleur, a beaucoup œuvré pour la défense de cette cause, en lançant sur le Net une pétition signée par 60 000 personnes dont  Jamel Debbouze, Omar Sy, Arnaud Montebourg.

AFRICAINS MAGAZINE. Le Gouvernement français vient d’accepter de délivrer la nationalité française aux tirailleurs sénégalais après tant d’années de bataille administrative. Que pense l’adjointe au maire de Bondy en charge des anciens combattants que vous êtes d’une telle décision historique ?

AISSATA SECK. Je pense que c’est une sage décision du Président de la République qui va enfin permettre à ces anciens combattants d’avoir une reconnaissance tant attendue. Ce sont des années de combat avec les administrations, des tracasseries administratives humiliantes, qu’ils vont grâce à cette forte décision pouvoir éviter aujourd’hui. Je suis également très fière de cette décision, et je me dis qu’ensemble nous pouvons faire évoluer des choses.

Selon vous, pourquoi la France a mis autant de temps pour résoudre cette question de naturalisation de ces tirailleurs ?

Parce que cette situation était méconnue. Quand je dis qu’elle était  « méconnue », je parle du grand public mais également auprès des hautes autorités. Les administrations ne faisaient qu’appliquer le règlement sans se soucier de leur histoire d’anciens combattants ou autres. Lorsque j’ai lancé mon appel à la naturalisation, le sujet a fait consensus aussi bien à gauche qu’à droite. Et très souvent, on me disait « je pensais que c’était réglé depuis longtemps ! »

Concrètement, sur le terrain, comment va se dérouler cette procédure de naturalisation ?

Je suis en train de travailler avec le ministre des Anciens combattants et le ministère de l’Intérieur à un recensement des tirailleurs sénégalais. Ces messieurs recevront ensuite une note explicative des démarches à poursuivre. Ceux qui avaient déjà déposé une demande seront reçus rapidement dans des différentes préfectures de leur lieu d’habitation. Je suis en contact régulier avec le ministère de l’Intérieur pour voir l’avancée des procédures. Et j’ai déjà, de mon coté, reçu pas mal de dossiers. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il y a une réelle volonté de voir entrer ces hommes braves dans la citoyenneté française.

« Ils n’y croyaient plus ! »

Avez-vous déjà eu quelques réactions de ces tirailleurs (dont vous n’avez cessé de défendre la cause) après l’annonce de l’exécutif français de les naturaliser ? Si oui, que vous disent-ils ? Qu’expriment-ils ?

Oui, j’ai eu la réaction des tirailleurs sénégalais de Bondy qui ont été très émus de recevoir cette nouvelle à laquelle ils n’y croyaient plus ! Pour eux, c’est un combat de plusieurs années. Mais au-delà de tout cela, ce qui les a le plus touchés, c’est toute la mobilisation qu’il y a eu autour de leur cause et surtout de pouvoir raconter leur histoire et de pouvoir perpétuer ce devoir de mémoire…

Propos recueillis par Guillaume Camara

Une réflexion au sujet de « SECK : « La situation des tirailleurs était méconnue » »

  1. Je suis á moitié satisfait de cette décision mais ils faut prendre en compte les enfants et epouses de ceux qui sont décédés car eux tout comme ceux qui vivent encore se sont battus pour arriver lá oú nous somme. Ils ont le sans combattant et ont plus besoins de se naturaliser afin que les âmes de leurs peres reposent en paix. Pensez y franchement et c’est le moment de tout réparer une bonne fois pour tout.

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