L’Afrique, mon rêve d’enfance

Africains | Publié le 5 janvier 2017 à 8h58
RECIT DE VOYAGE. A 40 ans, Annaïg Tabart a enfin réalisé un de ses rêves d'enfance... En septembre, cette Bretonne et ancienne assistante commerciale-relation clientèle est allée au Bénin, dans le cadre d'une mission humanitaire.

Nous vivons dans une société où l'argent, le matériel, l'apparence, la possession de bien se sont progressivement ancrés dans nos moeurs occidentales et tendent à faire disparaître les valeurs humaines fondamentales. Je m'appelle Annaïg. Avec un tel prénom, je ne peux qu'être née en Bretagne. Et oui, à Vannes,  dans le Morbihan.

Voilà, depuis quelques années, je suis en quête de plus d'humanité, de plus de solidarité, d'authenticité et de simplicité.

Ce que je ressens : des envies de partir, de découvrir d’autres façons de vivre, de rencontrer des populations différentes que celles que nous connaissons, de m’imprégner de leur culture et coutumes, d'apprendre.

Après avoir contacté une association humanitaire et assisté à un de leur séminaire de présentation, ma candidature a été validée et j’ai décidé de partir en Afrique. C’est un rêve d’enfance. Ce continent m’a toujours attiré dès mon plus jeune âge et je n'explique pas les raisons.

C’est avec ces motivations que je m’envolai pour la première fois vers le Bénin le 21 septembre 2016, dans le cadre d’une mission humanitaire. Mission qui se déroulera dans la partie Sud du Bénin (Cotonou, Porto Novo et région de Bopa) et orientée essentiellement sur les consultations médicales dans les villages les plus démunis, sans eau courante et  électricité, constitués de maisons en terre et de paillotes.

Nous étions une équipe de 11 bénévoles français et nous avons travaillé sur place avec des traducteurs et médecins béninois. Ce fut une très belle coopération franco-béninoise mais aussi de belles rencontres, de beaux échanges et partages avec ces personnes courageuses et volontaires. Des jeunes béninois diplômés qui se battent pour leur pays. Leur dévotion, leur humilité, leur optimisme, leur espoir, leur combat… Toutes ces qualités m’ont profondément touchée. A l’occasion, je leur tire mon chapeau car certains d’entre eux reviennent de loin! Culturellement et humainement ce fut très enrichissant de travailler avec eux.

Les sons des klaxons 

Tous les jours, notre chauffeur, Casimir, nous emmenait dans un village de brousse différent. Les routes empruntées étaient souvent sinueuses et chaotiques ; les sons des klaxons et les secousses fréquentes rythmaient nos trajets mais heureusement la mélodie africaine, l'ambiance joviale du « ça va aller  et la bonne humeur nous firent rapidement oublier ces petits désagréments.

Chaque matin lorsque nous arrivions dans les villages, les habitants nous réservaient un accueil chaleureux. Les enfants avec un grand sourire aux lèvres et quelques adultes nous attendaient déjà sur le bord de la route. Leurs yeux qui illuminaient de reconnaissance et leur grand sourire nous promettaient des journées bien remplies en émotions et en amour. Avant de descendre du camion, ces regards et ces sourires francs ensoleillaient déjà mon âme et me réchauffaient tellement le coeur. Puis les cris de « yovos » (blancs en fon, leur langue) et les rires des enfants et adultes ponctuaient assidûment nos  journées de gaieté.

Une fois arrivés, nous installions nos 3 postes de travail dans les écoles : l'accueil (premier contact avec le patient et création du carnet de santé), la consultation avec le médecin local et la pharmacie.

Je me souviens de la première fois que je suis rentrée dans une classe de primaire, j'ai ressenti aussitôt une sensation de bien-être malgré le côté un peu lugubre et poussiéreux de cette pièce, avec peu de lumière, meublée de pupitres sales et des toiles d'araignées qui pendaient. Pourtant j'ai senti de bonnes énergies, qui traversaient cette salle. De nature plutôt réservée et discrète, j'ai même pu m'imaginer prendre la parole devant tous ces enfants, et cette idée de leur enseigner me rendit joyeuse et confiante. Pourtant,  jamais imaginer prendre le rôle d'une maîtresse en France!

Ainsi commencèrent nos journées. Les gens venaient généralement en famille voir le médecin, avec l'espoir de soigner leurs maux. C'était touchant de lire sur leur visage tout cet espoir et cette reconnaissance qu'ils avaient à notre égard. A mes yeux nous n'étions pas des sauveurs, mais en tant que bénévoles nous avions aussi décidé de participer à cette mission humanitaire pour nous faire plaisir et pour vivre le temps de quelques semaines une autre vie, moins fade et plus forte en émotions. Durant cette mission, j'ai reçu énormément de gratitude, d'amour inconditionnel, de sourire gratifiant, de joie... sensations qui m'ont comblé sur le plan personnel. Je me suis sentie réellement vivre dans ce monde où la simplicité et le « vivre l'instant présent sans se soucier de demain » sont bien présents.

J'ai été très surprise et souvent émue par la force, l'esprit volontaire et vaillant des jeunes enfants, qui dès leur plus jeune âge aident déjà les adultes à porter les litres d'eau et autres. Ainsi que la force et le courage qu'ils ont face à la peur et à la douleur.

Petits doigts passés dans une broyeuse

Je me souviens d'une petite fille de 11 ans arriver avec tous les doigts broyés, ses plaies ouvertes laissaient entrevoir les nerfs et les ligaments. Ses petits doigts étaient passés dans une broyeuse. Sa maman, bienveillante et avec les moyens qu'elle avait, a tenté de faire cicatriser en appliquant de l'argile sur les plaies. Cette petite fille a subi un calvaire pendant plus de 2 heures, sans anesthésie. A 11 ans seulement, elle a accepté cette douleur intolérable et a remercié. J'ai du m'éloigner pendant ce soin tellement ses cris de douleurs devenaient insupportables. Je suis revenue près d'elle quand tout était fini pour lui caresser la joue, trempée par les larmes, la féliciter pour sa force et la réconforter avec quelques douceurs. Et là, après toute cette souffrance elle se mît à sourire! Quel enfant magnifique ! Quelle force !

Ce sont encore plein d'autres moments de bonheur, de partage, de rire, de jeu avec les enfants et les parents qui restent inoubliables, indescriptibles, mais aussi des sentiments de colère, de tristesse et d'injustice face à la malnutrition, au manque d'infrastructures, à la distribution inégale des richesses, à la souffrance, à certaines croyances...

Je ressors de cette mission encore grandie, très émue, touchée, chamboulée, heureuse et triste à la fois et avec le besoin de renouveler cette expérience car on reçoit bien plus que ce que l'on donne.

Cette expérience humanitaire au Bénin restera gravée à vie dans mon coeur. Elle m'a appris encore sur la vie. Toutes ces rencontres m'ont transmis une belle leçon de vie, d'optimisme, d'espoir et m'ont montré l'importance de la patience.

Merci à toutes ces personnes, femmes, hommes et enfants que j'ai pu croiser lors de ce magnifique séjour.

Depuis toute petite, je savais que l'Afrique me toucherait... Je sais aujourd'hui qu'une partie de mon coeur est bien restée au Bénin.

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