La glaise pleure Ousmane Sow

Africains | Publié le 2 décembre 2016 à 16h34
Grand et fort comme ses sculptures, Ousmane Sow est décédé hier dans sa ville natale de Dakar. Ce sculpteur, magicien de la glaise, laisse derrière lui tant de créations, qui sont une invitation au dialogue des peuples et des civilisations.

La glaise a sans doute pleuré hier en apprenant le décès d’Ousmane Sow. Ce colosse sénégalais, né à Dakar il y a 81 ans, avait fait de la sculpture son aire d’expression, son territoire de prédilection, où le gigantisme rencontrait la virilité des êtres en mouvement, des figures pleinement dans la vie et dans l'action, et avec pour seule et unique obsession : la conquête de l'espace présent.

Et ce, tout en douceur, tout en beauté.

Dans ses sculptures, il y avait aussi une dimension didactique forte permettant à chacun d’ouvrir ses yeux et son cœur aux civilisations, aux ethnies africaines, tels les « Massaïs », les « Noubas », les « Zoulous ». Sans oublier les « Grands hommes » (Nelson Mandela, Charles De Gaule, Victor Hugo) qui l’ont « marqué dans la vie. » « C’est un sculpteur du corps, la représentation du corps, de ses tensions, de son pouvoir.  Il est dans la tradition des grands sculpteurs du début du XXe siècle », dira Emmanuel Guigon, directeur du musée des beaux-arts et d’archéologie de Besançon.

Un royaume de créations

C’est également « un artiste humainement engagé et généreux » dont la vocation est tardive : ce n’est qu’à l’âge de 50 ans qu’il épouse pleinement la sculpture, après avoir exercé son métier de kinésithérapeute. D’ailleurs, ceux que le connaissaient si bien savaient que son cabinet de kiné ressemblait un peu à un royaume de créations, où Ousmane Sow – un des papes de l’art contemporain et premier artiste noir à intégrer l’Académie des beaux-arts – s’évertuait à inventer, à bâtir, à façonner des visages. Des corps, ceux de l’humanité vivante !

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