« Sangaris » et ses ratés

Africains | Publié le 17 novembre 2016 à 14h26
Fin octobre, les autorités françaises ont annoncé la fin de l’opération Sangaris estimant que cette dernière avait atteint ses principaux objectifs. Or tout n’a pas été rose dans cette intervention militaire en terre centrafricaine.

Le lundi 31 octobre, la France a fait une déclaration officielle indiquant qu’elle mettait fin à l’opération militaire Sangaris. Cette dernière, lancée en décembre 2013, a compté jusqu’à 2000 soldats dans ses rangs. D’ailleurs, tous ne partiront pas. L’Hexagone compte garder une force de réserve tactique au sein de la mission des Nations unies dans le pays.

Du coté de Bangui, ce retrait français, même s’il n’est pas total, ne plaît pas à tout le monde. C'est le cas du député Anicet Georges Dologuélé, qui estime que « Sangaris se retire beaucoup trop tôt » alors  que « nos forces de sécurité ne sont pas en mesure de prendre le relais. Les forces onusiennes sont de plus en plus débordées dans leur rôle de pompiers. » Pour Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense français, Sangaris avait trois objectifs : « mettre fin au chaos, accompagner les forces internationales et permettre la tenue d’élections. »

Ces trois missions étant remplies, il n'y a donc plus nécessité pour les troupes françaises d'éterniser leur présence sur le sol centrafricain. Mais ce que M. Le Drian omet d’ajouter dans son argumentation, c’est que Sangaris a coûté cher à la France, qui d’année en d’année a vu ses possibilités budgétaires s’amoindrir. Et il ne faut guère compter sur l’Europe pour lui filer un coup de main. En 2013, la proposition de François Hollande, pour la création d’un fonds permanent destiné aux opérations extérieures, avait été rejetée par le Conseil européen.

« 12 % de déséquilibrés psychologiques »

Sans oublier que d’un point de vue humain cette intervention militaire française en Centrafrique aura été plus traumatisante que l’Afghanistan. Le député Olivier Audibert-Troin (UMP) a tenu à le dire, le 9 juillet 2014, devant ses collègues de l’Assemblée nationale : « Les hommes que nous avons rencontrés au retour de quatre mois d’opération en Centrafrique reviennent épuisés, physiquement et moralement. Ils travaillent sept jours sur sept, sans un seul après-midi de repos. Aussi, 12 % d’entre eux présentent des déséquilibres psychologiques se traduisant par un contact altéré avec la réalité, contre 8% pour l’opération Pamir [Afghanistan]. […]. » Dans le blog du Centre des études de sécurité (CEDS) et de l’Institut français des relations internationales (IFRI), Ultima Ratio, la chercheuse Aline Leboeuf, elle, parle des médecins et logisticiens qui ont « dû apprendre à tirer » et les hélicoptères «utilisés au-delà de leur capacité normale ».

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