On n’entendra plus la voix de la grande Toni Morrison

Africains | Publié le 9 août 2019 à 8h49
Prix Nobel de littérature, Toni Morrison vient de décéder, à l'âge de 88 ans, des suites d'une pneumonie, au Montefiore Medical Center à New York.

On n'entendra plus la rauque voix de la grande Toni Morrison. La romancière s'en est allée, cette semaine, vers le royaume des cieux, laissant derrière elle de nombreux lecteurs dans le chagrin. Avec elle, disparaît indubitablement, « un trésor national » a dit Barack Obama, une figure majeure des lettres américaines, dont les écrits auront immensément contribué à faire connaître au monde l'identité afro-américaine.

En effet, toute sa réflexion, tout son pouvoir imaginaire, tous ses frissons littéraires, elle les avait mis au service de sa communauté, du peuple noir en Amérique. Comme si la Providence lui avait donné le mandat d'en être l'avocate inspirée. Oui, elle était cette lumière qui, à travers une certaine puissance artistique, un travail d'introspection phénoménal, voulait guérir l'Amérique de ses horribles stigmates de l'esclavage et de la ségrégation raciale.

Pour bien la connaître, il faut se rendre à Lorain, dans l'Ohio. C'est là qu'elle voit le jour le 18 février 1931, dans une famille ouvrière catholique de quatre enfants. Elle s'appelle alors Chloé Anthony Wofford. Et aime par-dessus tout la littérature. Un centre d'intérêt qui l'amène à entamer des études à Howard University (Washington) puis à Cornell University, où elle soutient une thèse sur le thème de la folie dans l’œuvre de William Faulkner et de Virginia Woolf.

« Ses romans caractérisés par une force visionnaire » 

Ensuite, elle enseignera successivement dans les universités de Cornell, d'Etat de New York, de Yale, au Bard College, à Princeton (dans cet établissement d'enseignement supérieur, Toni Morrison occupera un poste de professeur titulaire de chaire.) Après son divorce en 1964 avec l’architecte jamaïcain Harold Morrison, elle s'installe à New York. Dans cette ville-monde, elle est éditrice chez Random House, chargée du secteur de la littérature noire.

Entre-temps, elle écrit, à 39 ans, son premier roman, L'oeil le plus bleu. Lequel sera suivi de Sula, Le Chant de Salomon (couronné par le National Book Critic Circle Award), Beloved (prix Pulitzer). Et le 7 octobre 1993, Toni Morrison reçoit le prix Nobel de littérature pour « ses romans caractérisés par une force visionnaire et une portée poétique, qui donne vie à un aspect essentiel de la réalité américaine. » 

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