Macron à l’université de Ouaga

Africains | Publié le 1 décembre 2017 à 9h02
SONORE. Mardi, Emmanuel Macron est allé à la rencontre de la jeunesse africaine, en débattant, en discutant, en argumentant avec elle. Ce fut un franc exercice de démocratie.

Macron face aux 800 étudiants de Ouagadougou. L’image était intéressante, et surtout rare pour les jeunes Africains - lesquels n’ont pas toujours la chance d’interpeller directement leurs dirigeants sur des thématiques ayant trait à la marche de leur nation. Mardi, le jeune chef d’Etat français, lui, a voulu montrer qu’il avait un autre style, qu’il était d’une autre époque, si proche de la leur. Ainsi, au cours d’un discours, de près de deux heures, il a égrené des sujets qui réconfortent mais aussi ceux qui fâchent, devant un auditoire attentif.

Pour les sujets qui réconfortent, il a d’abord commencé à proclamer la fin d’une certaine politique française en Afrique – c’est-à-dire celle que s’était évertué à bâtir Jacques Foccart. Pour une approche plus pragmatique, plus tangible, tenant compte des signes du temps.

Car pour lui est le continent africain est le lieu « où se télescopent les défis contemporains » tels que le terrorisme, le changement climatique, la pauvreté, la démographie ou encore l’urbanisation. Il a souhaité la levée du secret défense sur l’assassinat de Thomas Sankara en 1994, la délivrance des bourses scolaires aux jeunes filles et des visas de longue durée, la restitution « d’ici à 5 ans du patrimoine culturel africain en Afrique ». Sans oublier le soutien à l’innovation et à l’entrepreneuriat.

« Il y a eu des fautes et des crimes, des grandes choses et des histoires »

Pour les sujets qui fâchent, Emmanuel Macron a tenu à rappeler que dans la colonisation « Il y a eu des fautes et des crimes, des grandes choses et des histoires » mais que « les crimes de la colonisation européenne sont incontestables ».  A ceux qui critiquent la présence de soldats français en terre africaine, il leur a demandé de « plutôt les applaudir » pour ce qu’ils font contre le terrorisme au Sahel. Concernant le franc CFA, il a déclaré qu’aucune nation n’était obligée de rester dans cette zone. Que certains considèrent en Afrique comme une perpétuation du fait colonial.

Quant à la tragique situation de ces migrants réduits en esclavage en Libye, une affaire de « crime contre l’humanité », il a fait part de son initiative visant à frapper les passeurs et à soutenir « l’évacuation des personnes en danger ».

Somme toute, ce fut un franc exercice de démocratie, dans un endroit du monde où la France est à la fois aimée et fustigée.

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