Macron à l’université de Ouaga

Macron face aux 800 étudiants de Ouagadougou. L’image était intéressante, et surtout rare pour les jeunes Africains - lesquels n’ont pas toujours la chance d’interpeller directement leurs dirigeants sur des thématiques ayant trait à la marche de leur nation. Mardi, le jeune chef d’Etat français, lui, a voulu montrer qu’il avait un autre style, qu’il était d’une autre époque, si proche de la leur. Ainsi, au cours d’un discours, de près de deux heures, il a égrené des sujets qui réconfortent mais aussi ceux qui fâchent, devant un auditoire attentif.
Pour les sujets qui réconfortent, il a d’abord commencé à proclamer la fin d’une certaine politique française en Afrique – c’est-à-dire celle que s’était évertué à bâtir Jacques Foccart. Pour une approche plus pragmatique, plus tangible, tenant compte des signes du temps.
Car pour lui est le continent africain est le lieu « où se télescopent les défis contemporains » tels que le terrorisme, le changement climatique, la pauvreté, la démographie ou encore l’urbanisation. Il a souhaité la levée du secret défense sur l’assassinat de Thomas Sankara en 1994, la délivrance des bourses scolaires aux jeunes filles et des visas de longue durée, la restitution « d’ici à 5 ans du patrimoine culturel africain en Afrique ». Sans oublier le soutien à l’innovation et à l’entrepreneuriat.
« Il y a eu des fautes et des crimes, des grandes choses et des histoires »
Pour les sujets qui fâchent, Emmanuel Macron a tenu à rappeler que dans la colonisation « Il y a eu des fautes et des crimes, des grandes choses et des histoires » mais que « les crimes de la colonisation européenne sont incontestables ». A ceux qui critiquent la présence de soldats français en terre africaine, il leur a demandé de « plutôt les applaudir » pour ce qu’ils font contre le terrorisme au Sahel. Concernant le franc CFA, il a déclaré qu’aucune nation n’était obligée de rester dans cette zone. Que certains considèrent en Afrique comme une perpétuation du fait colonial.
Quant à la tragique situation de ces migrants réduits en esclavage en Libye, une affaire de « crime contre l’humanité », il a fait part de son initiative visant à frapper les passeurs et à soutenir « l’évacuation des personnes en danger ».
Somme toute, ce fut un franc exercice de démocratie, dans un endroit du monde où la France est à la fois aimée et fustigée.