Alain Mabanckou, un auteur à (re)découvrir

Africains | Publié le 21 septembre 2017 à 9h31
SONORE. Alain Mabanckou est connu et reconnu, médiatique et charismatique, les occasions d’aller l’écouter ne manquent pas. Mais pour le lecteur, rien ne vaut le plaisir de saisir un nouveau livre.

Choisir un nouveau roman à lire relève parfois du hasard quand on est boulimique de lecture. C’est exactement ce qui m’est arrivée il y a une dizaine d’années en achetant en format poche Verre cassé de Alain Mabanckou. Je n’avais jamais entendu parler de cet auteur, et à vrai dire n’aurais même pas su placer avec exactitude le Congo Brazzaville sur une carte de l’Afrique.

Verre cassé est un livre qui allie un humour décapant avec une érudition littéraire époustouflante. Le lire, c’est en accepter le jeu. Le lire fut pour moi une révélation : la langue française n’est vivante que par l’enrichissement apporté par ces auteurs dont ce n’était pas la langue maternelle…

C’est donc par cette porte ouverte que j’ai franchi le monde fascinant de la littérature africaine - le terme peut sembler réducteur - et ouvert mon regard sur ces auteurs qui nous proposent d’élargir notre vision du monde à d’autres champs - chants ? - pour mieux en démontrer l’universalité. La liste de ces auteurs est infinie et s’enrichit tous les jours avec vitalité !

Truculente plume

Restons avec celui qui m’a ouvert cette porte d’entrée. Alain Mabanckou est un écrivain prolifique aux genres variés, poète, romancier, essayiste, traducteur, auteur pour enfants…

La lectrice que je suis tout simplement aime tout ce qu’il écrit, mais apprécie par-dessus tout les romans. Il faut lire le Mabanckou de ses débuts qui parle de la condition des sans-papiers en France dans Bleu Blanc rouge, des ravages de la guerre civile dans Les petits-fils nègres de Vercingétorix, des petits malfrats ratés dans African psycho (un de mes préférés, celui où le style bascule dans la truculente plume). Il faut aller connaître le Mabanckou au début du succès entourant Verre cassé avec le très beau Mémoires de porc-épic, le plus africain de ses romans, et savoir sourire des tribulations du Noir de Paris dans Black Bazar. Qui aime les polars se délectera de Tais-toi et meurs ! Le magnifique roman autobiographique Demain j’aurai vingt ans fait découvrir l’enfance d’un petit garçon au Congo, cette enfance racontée plus tard de façon dramatique dans le dernier roman paru à ce jour, Petit piment. Le retour au pays, nouveau cahier du retour au pays natal, est magnifiquement dit dans Lumières de Pointe-Noire.

 Le charme de l’attente du prochain texte

Voilà pour les romans, mais il ne faut pas avoir peur d’aller aussi ouvrir les essais, ils sont écrits pour être lus par tous et c’est ce qui en fait la force : Lettre à Jimmy, superbe hommage à Baldwin, Le sanglot de l’homme noir sans doute le livre de Mabanckou qui a le plus ouvert au discours polémique - mais qu’il faut lire avant d’en discourir -, Lettres noires : des ténèbres à la lumière qui est le discours de sa leçon inaugurale au Collège de France - ce n’est pas rien -, et le beau recueil de ses rencontres dans Le monde est mon langage dans lequel on perçoit encore plus son amour de la littérature et le travail de l’écrivain.

L’avantage d’aimer la plume d’Alain Mabanckou, c’est le charme de l’attente du prochain texte ! et comme l’homme est connu et reconnu, médiatique et charismatique, les occasions d’aller l’écouter ne manquent pas. Mais pour le lecteur, rien ne vaut le plaisir de saisir un nouveau livre et de s’y plonger… Serai-je un jour déçue ? Peut-être, mais rien ne m’ôtera jamais la reconnaissance et la loyauté envers l’auteur de Verre cassé !

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