L’enfant n’est pas mort, de Nimrod

Ce magnifique roman de Nimrod rend un vibrant hommage à l’écrivain Ingrid Jonker, en remontant le fil de l’histoire de l’Afrique du Sud entre la sombre période de l’apartheid des années 60 jusqu’à son abolition.
En mai 1994, à l’occasion de son discours d’investiture, Nelson Mandela lit le poème de Ingrid Jonker, « l’enfant n’est pas mort », devant une assemblée stupéfaite.
« L’enfant n’est pas mort
L’enfant lève les poings contre sa mère
qui crie Afrique crie l’odeur
de liberté, du veld
dans les townships du coeur ceinturé… »
Vingt chapitres incisifs
Ce poème, qui a accompagné Madiba pendant toute son incarcération, a été écrit en 1960 par la jeune poète, fille d’un haut dignitaire afrikaner, après l’assassinat d’un tout jeune enfant noir par la police sud-africaine. Et le texte de Nimrod, en vingt chapitres incisifs, nous raconte le destin tragique de cette jeune femme qui a tenté de défendre la cause des noirs opprimés, malgré l’opposition de son milieu, de ses amis, amants, et surtout de son père qui la renie publiquement. « En reniant ma fille, je fais oeuvre de salubrité publique » dit-il au Parlement… La jeune Ingrid ne résistera pas longtemps.
L’écriture splendide de Nimrod nous donne à lire un beau texte poétique particulièrement émouvant qui croise deux personnages héroïques : la jeune poète fragile et bouleversante dans son cri d’indignation, et l’avocat emprisonné qui deviendra président de l’Afrique du Sud. La première ouvrira le coeur du second. « Depuis qu’il est en prison, il l’entend enfin. Son coeur aussi. Sa propre cellule, en dépit de son étroitesse, est devenue une cathédrale. »
L'enfant n'est pas mort, Nimrod, Editions Bruno Doucey, 160 p., 15,50 euros.